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Le réveil sonne tôt ce matin à notre hôtel de Vitrolles. L’excitation du départ l’emporte largement sur la fatigue et, à peine prêtes, nous quittons notre chambre direction le parking Ecolow Park à 7h30 pour y déposer notre voiture. L’organisation est fluide, et une navette nous emmène rapidement jusqu’à l’aéroport. Avant d’embarquer, on s’accorde un petit-déjeuner au seul point de restauration : « La Folie », situé juste à l’extérieur du terminal. Le soleil du matin nous accompagne sur la terrasse pendant qu’on sirote nos cafés et qu’on grignote en papotant, impatientes de commencer réellement notre escapade croate. L’heure tourne, et à 10h35 pile, notre vol Ryanair FR5177 décolle à l’heure prévue pour Zadar. |
Le voyage se passe sans encombre, et à 12h10, nous posons le pied sur le sol croate. Il fait déjà bon, et l’air a ce petit parfum de vacances méditerranéennes qu’on adore. Les bagages récupérés en un clin d'œil, direction le comptoir de location où nous récupérons les clefs de notre voiture réservée via DiscoverCars. Quelques signatures, un rapide état des lieux du véhicule et nous voilà prêtes à prendre la route pour la suite de nos aventures ! |
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Première mission logistique : faire les courses pour la semaine. Nous repérons un supermarché Tommy, l’enseigne emblématique de la région, que nous apprendrons vite à connaître. C’est là que nous remplissons notre coffre de produits, de fruits, de pain et de quoi tenir quelques jours en autonomie. Puis, direction notre logement situé à l’adresse suivante : 1A Glavičice, 23244 Starigrad-Paklenica. À notre arrivée, nous sommes chaleureusement accueillis par les propriétaires. L’appartement est tout neuf, parfaitement équipé, avec deux salles de bain modernes, un emplacement privé dans le jardin pour garer la voiture et tout le confort dont on pouvait rêver. On s’y sent tout de suite bien. |
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Une fois les valises déposées et les courses rangées, notre énergie ne faiblit pas : il est temps de prendre la route vers Zadar, première grande étape de notre séjour. La mer, les vieilles pierres et l’histoire nous attendent... Zadar, ville croate sur la côte dalmate, est connue pour les ruines romaines et vénitiennes de sa vieille ville péninsulaire. Ses remparts contiennent plusieurs portes vénitiennes. Autour du forum romain se trouve le couvent Sainte-Marie, qui date du XIe siècle et inclut des œuvres d'art religieuses remontant au VIIIe siècle. La ville comporte également la majestueuse cathédrale du XIIe siècle Sainte-Anastasie et l'église ronde du IXe siècle Saint-Donat, de style préroman... La vieille ville se trouve sur une presqu’île, et c’est là que bat véritablement le cœur de Zadar. Le reste de la ville, plus moderne, alterne entre immeubles récents et marinas, mais c’est bien dans ce centre historique que se concentrent les plus beaux monuments. Nous arrivons en voiture à l’entrée de la presqu’île, et avant toute chose, il nous faut trouver une place de stationnement. Une fois garés, nous cherchons l’horodateur… et tombons sur quelques pare-brises décorés de PV. Pas question de prendre le risque ! Nous bataillons un peu avec la machine capricieuse, elle semble n’obéir qu’après plusieurs essais, mais finissons par obtenir notre ticket que nous plaçons bien en évidence. En route pour l’exploration ! Notre découverte commence sur la Place Petra Zoranića, une jolie place à l’ambiance méditerranéenne. Bordée de terrasses et de palmiers, on y aperçoit quelques vestiges de l’époque romaine. |
Juste à côté se trouve l’un des lieux emblématiques de la ville : la Place des Cinq Puits (Trg Pet Bunara). Ces cinq puits alignés datent du XVIe siècle, une époque troublée où les attaques ottomanes menaçaient la région. Pour se préparer à un éventuel siège, la ville s’était entourée de solides remparts et avait fait construire ces puits, alimentés par un aqueduc depuis le lac Vrana. L’eau était stockée dans une grande citerne souterraine, garantissant une réserve vitale pour les habitants. La place elle-même est encadrée de vestiges : à l’ouest, le mur médiéval et la Tour du Capitaine, haute de 26 mètres, unique survivante des fortifications d’autrefois. À l’est, le bastion qui marque l’entrée du jardin public. |
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Nous poursuivons justement notre promenade à travers le Parc de la Reine Jelena Madijevka (Perivoj kraljice Jelene Madijevke), un bel espace vert sur les hauteurs de la vieille ville. Il offre une vue imprenable sur un petit port en contrebas et une porte ancienne de la ville, parfaite pour quelques photos. Ce parc, le premier jamais aménagé à Zadar, fut fondé en 1829 par le gouverneur autrichien Baron von Welden, sur les anciennes fortifications militaires. À l’époque, c’était un jardin romantique agrémenté de statues, de fontaines, de bancs ombragés et même d’un petit pavillon de musique à la chinoise. Malheureusement, le parc fut lourdement endommagé lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Seuls quelques arbres résistèrent au chaos. Depuis, le lieu a été peu à peu reconstruit, retrouvant peu à peu sa vocation de havre de paix dans la ville. |
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Nous continuons à flâner dans les ruelles de la vieille ville. Nous entrons dans l’église Saint-Siméon. Façade baroque du XVIIe siècle, l’édifice est bâti à l’emplacement d’une ancienne basilique paléochrétienne du Ve siècle, il fut consacré à saint Siméon en 1570, à l’occasion du transfert de ses reliques. Ce que l’on vient admirer ici, c’est surtout son sarcophage exceptionnel, véritable chef-d’œuvre d’orfèvrerie médiévale. Commandé en 1377 par Élisabeth de Bosnie, reine de Hongrie et de Croatie, le reliquaire est réalisé en argent massif (250 kg quand même !), avec des détails en feuille d’or. |
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Alors que nous continuons d’arpenter les petites rues, notre regard est attiré par un petit patio. Curieuses, on s’approche discrètement pour jeter un œil… et c’est là que Rosy nous rejoint… ou plutôt fait une entrée fracassante ! En voulant nous retrouver, elle accroche une plaque au passage… CLANG ! Le métal résonne dans tout le quartier. Discrétion envolée… on voulait passer inaperçus, c’est raté ! Belle entrée « en fanfare » !!! J’adore !! On reprend notre chemin jusqu’à la Place du Peuple (Narodni Trg). Ce lieu plein de charme a su conserver intact son cachet ancien, entourés par de bâtiments Renaissance, dont l’ancien hôtel de ville, au style néo-renaissance, qui domine la place côté nord. L’ensemble a des accents clairement vénitiens, avec ses façades élégantes, ses arcades et son atmosphère animée. |
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Direction ensuite vers le site emblématique de la ville : le forum de Zadar. Ce vaste forum romain, le plus grand jamais mis au jour en Croatie avec ses 95 mètres sur 45, est un véritable livre d’histoire à ciel ouvert. Partout, des colonnes, dalles antiques, fragments de temples et autels sculptés racontent la grandeur de la cité à l’époque romaine. Au milieu de ces vestiges se dresse une colonne romaine parfaitement conservée, qui servait autrefois de pilori au Moyen Âge : les malfaiteurs y étaient enchaînés, livrés au jugement de la foule… Ambiance. Mais l’élément qui attire tous les regards, c’est cette curieuse église circulaire, à la silhouette singulière : l’église Saint-Donat. Construite au IXe siècle dans un style préroman aux accents byzantins, elle est immédiatement reconnaissable à sa forme en rotonde et à ses murs massifs. Une particularité architecturale qui lui vaut aujourd’hui une toute autre vocation : l’édifice, désacralisé depuis près de deux siècles, est désormais une salle de concerts, réputée pour son acoustique exceptionnelle. Juste autour de l’église, d’autres traces de la présence romaine sont visibles : des autels dédiés à Jupiter, Amon ou Méduse, sur lesquels on devine encore les trous servant aux sacrifices. Tout près, un temple du Ier siècle av. J.-C. devait autrefois s’élever ici, dédié aux grandes divinités de l’Olympe : Jupiter, Junon et Minerve. Aujourd’hui, seules quelques pierres en témoignent, mais leur présence suffit à faire travailler l’imaginaire. |
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Après notre passage au forum antique, nous poursuivons notre balade en direction du front de mer. Et là, un moment suspendu nous attend : l’Orgue des mers de Zadar. Installé sur la promenade, cet instrument unique au monde est invisible au premier regard. Ce sont en fait des marches de pierre blanche qui descendent vers l’Adriatique, sous lesquelles se cachent 35 tubes reliés à des sifflets. Conçue par l’architecte Nikola Bašić en 2005, cette œuvre mêle avec brio nature, art et ingénierie. Lorsque les vagues s’engouffrent dans les tubes, l’air est expulsé et crée une mélodie. Nous nous installons sur les marches, comme beaucoup d’autres visiteurs, et laissons nos oreilles se remplir de cette étrange symphonie aquatique. |
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Juste à côté, une autre curiosité : la Salutation au Soleil (Pozdrav Suncu), autre création de Bašić. Un grand disque de verre de 22 mètres de diamètre, incrusté de cellules solaires, capte l’énergie du soleil tout au long de la journée. La nuit venue, il se transforme en spectacle lumineux, un véritable ballet de couleurs qui change chaque soir. Bon… petite précision : on ne l’a pas vu de nuit mais on peut imaginer les jeux de lumière... Une bonne raison pour revenir un jour, non ? Nous promenons le long de la mer, les sons de l’orgue s’éloignent peu à peu derrière nous, et une silhouette discrète attire notre attention. Là, posée sur le quai, une statue d’homme penché, concentré, observe avec attention… un coquillage. Nous sommes devant la statue en bronze de Spiridon Brusina. Ce nom ne nous disait rien jusqu’à présent, mais ce scientifique austro-hongrois, originaire de Zadar, est une figure majeure du XIXe siècle dans le monde de la malacologie (l’étude des mollusques). Il a longuement exploré la faune de l’Adriatique, dont il était passionné, et sa posture contemplative face au coquillage illustre parfaitement cet esprit d’observation et de curiosité. La sculpture, réalisée en 2005 par l’artiste Ratko Petrić, natif lui aussi de Zadar, s’intègre avec une simplicité touchante dans le décor. |
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Après nous continuons notre marche en longeant le petit port, charmant et paisible, comme une carte postale figée dans le temps. Quelques barques flottent tranquillement, amarrées aux quais, bercées par le clapotis de la mer Adriatique. |
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Nous avançons ensuite vers l’un des joyaux architecturaux de Zadar : la porte de la Terre Ferme, ou Kopnena Vrata. Avant d’y arriver, nous longeons les remparts sud de la ville, vestiges imposants de l’époque vénitienne. Ces murailles solides semblent encore veiller sur la cité, comme elles l’ont fait pendant des siècles face aux menaces venues de la mer ou de l’intérieur. La porte de la Terre Ferme est flanquée de colonnes massives, ornée de bas-reliefs et surmontée du lion ailé de Saint-Marc, symbole de la République de Venise, elle raconte en un seul regard l’histoire mouvementée de Zadar. On imagine sans peine les gardes, les marchands, les voyageurs qui, autrefois, franchissaient cette arche en pierre pour pénétrer dans la ville fortifiée. |
De retour à notre voiture, nous quittons Zadar et reprenons la route, direction le pont de Maslenica, sur la fameuse D8 qui serpente le long de l’Adriatique. La lumière commence doucement à changer, virant à l’or, puis au rose… Un moment suspendu. Le pont, majestueux dans sa sobriété, enjambe le bras étroit du Novsko Ždrilo, reliant les deux rives escarpées comme un trait d’union entre passé et présent. Construit en 2005, il remplace un pont plus ancien, détruit en 1991 pendant la guerre de Croatie. Nous nous arrêtons un instant. Devant nous, le soleil entame lentement sa descente, glissant derrière les montagnes au loin et se reflétant dans les eaux calmes du détroit. Le ciel flamboie dans des nuances d’orange et de pourpre. |
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Après avoir savouré les derniers rayons du soleil sur le pont de Maslenica, nous reprenons tranquillement la route vers notre appartement à Starigrad-Paklenica. Les couleurs du ciel s'estompent peu à peu, laissant place à une nuit paisible. De retour "à la maison", nous préparons un petit souper simple avec les produits achetés plus tôt au supermarché Tommy. Pour digérer, nous partons pour une petite balade nocturne dans notre village. Starigrad s’est endormi doucement. Nous déambulons sans but précis puis vient le temps d’aller dormir car demain sera une nouvelle aventure… |
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