Entre scènes surprenantes, détails inattendus et bizarreries locales, voici un florilège des moments insolites croisés au fil de mes balades dans la ville.

Les maisons penchées d’Amsterdam :

Dès mes premières balades le long des canaux, une chose a attiré mon regard : à Amsterdam, beaucoup de maisons ne sont pas droites. Certaines penchent légèrement sur le côté, d’autres vers l’avant... Mais derrière cette singularité architecturale se cache une histoire bien plus complexe qu’il n’y paraît.

La ville est bâtie sur un sol marécageux, peu stable. Pour y remédier, les fondations des bâtiments reposent depuis des siècles sur des pilotis – d’abord en bois, aujourd’hui en béton. Ces pieux plantés profondément dans le sol permettent de stabiliser les structures, mais ils restent sensibles aux mouvements du fleuve Amstel. Au fil du temps, certaines maisons se sont ainsi légèrement inclinées, donnant cette impression d’irrégularité un peu déroutante.

Mais toutes les façades penchées ne sont pas dues au hasard. Certaines ont été construites ainsi, volontairement inclinées vers l’avant. Ces maisons sont reconnaissables à leur crochet de levage, installé au sommet de la façade. Ce dispositif ingénieux permettait autrefois de faire entrer meubles et marchandises par les fenêtres, les escaliers étant souvent trop étroits. L’inclinaison vers l’avant évitait aux charges suspendues de heurter la façade ou les vitres.

Enfin, autre particularité : la finesse de ces maisons. La raison en est simple et fiscale. Jusqu’au XIXe siècle, les impôts fonciers étaient calculés en fonction de la largeur de la façade donnant sur le canal. Les habitants ont donc construit en hauteur, sur des parcelles étroites, pour limiter les coûts tout en maximisant l’espace.


   

   

Une ville flottante aux 165 canaux :

On compare souvent Amsterdam à Venise… et pour cause : la ville est parcourue de 165 canaux qui totalisent plus de 100 kilomètres. À cela s’ajoutent 1 753 ponts, plus que dans la célèbre cité italienne.

Ces canaux ne sont pas seulement un décor pittoresque : ils font partie intégrante de l’histoire et de l’identité de la ville. Conçus au XVIIe siècle, à l’âge d’or d’Amsterdam, ils servaient à la fois au transport de marchandises, à la défense, au drainage et à l’aménagement du territoire. Le célèbre plan en demi-cercle des canaux concentriques (Herengracht, Keizersgracht, Prinsengracht) est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Aujourd’hui encore, les canaux rythment la vie quotidienne : bateaux-mouches, péniches, croisières, mais aussi maisons flottantes où vivent des habitants à l’année. Chaque canal a sa propre ambiance, son reflet sur les façades et sa lumière selon l’heure du jour. Traverser la ville, c’est franchir des dizaines de ponts, certains en pierre, d’autres en métal ou en bois, comme le Magere Brug, l’un des plus emblématiques.


   

Le royaume des vélos :

Impossible de passer à côté : à Amsterdam, le vélo est roi. Dès l’instant où l’on pose le pied en ville, on est frappé par l’omniprésence des deux-roues. Ils sont partout, alignés le long des canaux, déboulant à toute vitesse dans les rues, s’accumulant par centaines près des gares, accrochés aux ponts, parfois même abandonnés dans les eaux du port.

Avec plus de 800 000 vélos pour environ 900 000 habitants, il y a ici pratiquement autant de bicyclettes que de personnes. Ce n’est pas seulement un moyen de transport : c’est une véritable culture. Les habitants l’utilisent pour tout, aller au travail, faire les courses, emmener les enfants, sortir en soirée. Certains vélos sont d’ailleurs équipés de sièges multiples, de caisses à l’avant ou à l’arrière, transformés en véhicules familiaux.  

Chaque année, on estime qu’environ 15 000 vélos finissent dans les canaux, une statistique à peine croyable. Ils sont repêchés régulièrement par des équipes spécialisées.

   

       

La tulipe :

Quand on pense aux Pays-Bas, impossible de ne pas imaginer des champs de tulipes multicolores s’étendant à perte de vue. Et pourtant, ce symbole si profondément associé à l’identité néerlandaise n’est pas originaire du pays. La tulipe vient en réalité d’Asie centrale, et c’est au XVIe siècle qu’elle arrive en Hollande, où elle connaît un destin aussi flamboyant qu’inattendu.

Au XVIIe siècle, alors que le pays est en plein âge d’or, la tulipe devient un véritable objet de convoitise. Certaines variétés rares se vendent à prix d’or, au point de déclencher ce que l’on considère comme la première bulle spéculative de l’histoire : la "tulipomanie". À son apogée, un seul bulbe pouvait coûter autant qu’une maison à Amsterdam. Quelques années plus tard, le marché s’effondre, laissant de nombreux investisseurs ruinés. Mais la passion pour la fleur, elle, ne s’est jamais fanée.

Aujourd’hui encore, les tulipes sont partout à Amsterdam. Dans les boutiques de souvenirs, sur les marchés, sur les rebords de fenêtres…


   

       

Fromage, sabots et gaufres : clichés ?

Avant même de poser le pied à Amsterdam, j’avais en tête quelques images bien ancrées : des moulins, des champs de tulipes, des sabots en bois, du fromage en meule et des gaufres bien dorées. Des clichés ? Peut-être. Mais en visitant la ville, je me suis vite rendu compte que ces symboles, loin d’être de simples cartes postales, faisaient encore partie du quotidien… parfois avec une touche d’humour, parfois avec une réelle authenticité.

Commençons par le fromage, ou plutôt les fromages. Gouda, Edam, Leerdammer, Maasdam… Les noms sont nombreux et les étals des boutiques spécialisés sont irrésistibles. Dans les marchés comme celui d’Albert Cuyp ou au cœur du centre-ville, on peut goûter toutes sortes de variétés, parfois affinées, parfois aromatisées au pesto, aux herbes ou même à la truffe. Certaines boutiques poussent l’expérience jusqu’à proposer des dégustations gratuites, dans un décor digne d’un petit musée.

Les sabots, eux, sont devenus plus folkloriques. On les trouve surtout dans les boutiques de souvenirs, souvent peints à la main ou transformés en porte-clés. Mais à l’origine, ces "klompen" étaient bel et bien portés dans les campagnes pour protéger les pieds du froid et de l’humidité.

Enfin, impossible de ne pas évoquer les gaufres néerlandaises, ou stroopwafels. Rien à voir avec les gaufres belges : ici, il s’agit de deux fines couches de pâte croustillante renfermant un cœur de sirop caramélisé.


       

Space cakes, coffee shops et cannabis :

Amsterdam a longtemps été associée à une image de liberté décomplexée, et pour beaucoup de visiteurs, le mot "coffee shop" ne renvoie pas à une simple tasse de café. Ici, on vend bel et bien du cannabis, dans des établissements tout à fait légaux, mais soumis à une réglementation bien précise.

Dans ces lieux, on ne trouve pas d’alcool, mais une carte aux noms parfois évocateurs : variétés de cannabis, résine, joints pré-roulés… et space cakes.

Dans les boutiques, on trouve aussi des produits plus anecdotiques, comme des sucettes au cannabis, du chocolat au chanvre, ou même du dentifrice à base de CBD.


       

       


Champignons magiques et Smartshops :

Parmi les vitrines que l’on croise en se promenant dans Amsterdam, il y a celles des smartshops proposant des champignons pas comme les autres.

   

Les boutiques de canards :

Dans plusieurs coins de la ville, on trouve des boutiques où les canards en plastique sont vendus sous toutes les formes, couleurs et tailles imaginables. On y trouve des canards déguisés en super-héros, en astronautes, en musiciens ou même en personnages historiques.

Les duck stores ont vu le jour en grande partie grâce à l’iconique "Amsterdam Duck Store", une enseigne qui a su transformer l’adoration pour ces canards en véritable phénomène.


   

   

La Condomerie : la boutique des préservatifs

Cette boutique, située en plein cœur de la ville, est un lieu unique en son genre, entièrement dédié aux préservatifs, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne manque pas d’humour.  

La Condomerie ne se contente pas de vendre des préservatifs classiques. Non, ici, on trouve une sélection impressionnante de préservatifs de toutes tailles, couleurs, parfums, textures, et même formes, certains sont décorés avec des motifs rigolos, d’autres sont parfumés à la fraise, à la menthe, ou même au chocolat. Le tout, dans une ambiance décalée où l’humour se mêle à la prévention.


       

Le Quartier Rouge :

Ce quartier, avec ses rues étroites bordées de façades rouges et de vitrines illuminées, est surtout connu pour abriter le plus ancien secteur de prostitution réglementée en Europe.

Ici, les window brothels sont un spectacle à part entière. Derrière les vitrines, des travailleuses du sexe, qui exercent en toute légalité, proposent leurs services dans des cabines éclairées par des néons. Le quartier est également connu pour ses nombreux bars, sex-shops et musées dédiés à l’histoire du sexe et de la sexualité.

Mais au-delà de ce côté un peu décadent, le coin est également un lieu où se croisent des canaux pittoresques, des restaurants typiques, des magasins de souvenirs et une architecture ancienne qui témoigne de l’histoire fascinante de la ville.

La prostitution est légale, mais elle est strictement encadrée par la loi. Les travailleurs du sexe bénéficient de protections légales, de droits sociaux et de conditions de travail rigoureuses, ce qui en fait un modèle unique en Europe. L’indépendance et la sécurité des travailleurs sont prises très au sérieux, et de nombreuses associations offrent des services de soutien.


   

Les balançoires du A'DAM Lookout :

Situé au sommet de la tour A'DAM, cette expérience unique offre aux amateurs l'opportunité de se balancer au-dessus du vide à 100 mètres de hauteur. Surnommée "Over The Edge", cette balançoire est la plus haute d'Europe.

   

Une cabine téléphonique et une voiture à l'antivol

Dans les rues d'Amsterdam, on peut aussi croiser des objets qui semblent tout droit sortis d'une autre époque. Parmi eux, une cabine téléphonique, et aussi une petite voiture de style voiture sans permis, solidement attachée avec un antivol !

   

Une nuit à Amsterdam… avec supplément

Lorsqu’on voyage à Amsterdam, une surprise vous attend souvent au moment de l’enregistrement : une taxe de séjour à régler en plus du prix de la chambre. Rien d’inhabituel jusque-là sauf qu’à Amsterdam, cette taxe est aujourd’hui la plus élevée du continent.

Depuis peu, elle s’élève à 12,5 % du coût de l’hébergement, et ce pour chaque nuitée. Un pourcentage non négligeable, ajouté à la facture finale au moment de l’arrivée. Elle concerne tous les types d’hébergement : hôtels, auberges, locations de courte durée… et même les bateaux-logements.


Les fouilleurs de poubelles :

À Amsterdam, il est assez courant de croiser des personnes qui fouillent les poubelles. Ils cherchent à récupérer les canettes et les bouteilles en plastique ou en verre pour toucher la consigne. En effet, aux Pays-Bas  le statiegeld, système de consigne permet de récupérer quelques centimes en rapportant le contenant dans l’un des nombreux points de collecte automatiques (généralement situés dans les supermarchés).


Amsterdam, c’est bien plus que ses canaux et ses musées célèbres. C’est une ville où chaque coin de rue peut révéler une curiosité ou une surprise inattendue, qu’il s’agisse de ses maisons penchées ou de ses boutiques de canards. Du Quartier Rouge à la Condomerie, en passant par les fouilleurs de poubelles pour la consigne, cette ville ne cesse de surprendre. Une ville où il fait bon s’arrêter, observer et, parfois, sourire devant les petites bizarreries qui la rendent si unique.