Troisième lever de soleil dans le désert, c’est toujours un moment intense. Au fur et à mesure que le soleil se lève tout semble s’embraser et les couleurs changent en passant du rouge, orange et jaune.
 


   

   


La journée commence par une petite boucle entre les pics de Cortinillas et Cortinas. Au cours de ma balade, je passe devant la cabane de Tripa au pied d’une belle falaise. Je trouve beaucoup de charme aux petites cabanes et maisonnettes de bergers qui ponctuent les sentiers çà et là.


   

   


Après cet échauffement j’entreprends une plus grosse rando, celle de Castillo de la Penaflor en plein cœur de la réserve naturelle de Vedado de Eguaras. Une boucle de 16 km, il n’y a pas de balisage et comme pour la plupart des randonnées dans les Bardenas Reales, il ne faut absolument pas s'y aventurer par temps de pluie ou en cas de risque d'orage. Le sol constitué essentiellement d'argile se transforme presque instantanément en une gigantesque patinoire.

Le point de départ est la Cabane Aguirre non loin de la Catildetierra, l'emblème du désert des Bardenas.

Je rejoins la bordure des falaises du Barranco de Cordinas. J’emprunte un petit sentier pour accéder dans le lit de la gorge de terre. J’évolue dans les entrailles des bardenas Cordinas et Grande qui m’emmènent dans un monde d’érosion à l’état pur, aux multiples curiosités comme des arches, des fenêtres naturelles, des crevasses et les fameux ballands sorte de langues de terre ressemblants à des glaciers descendant d’une vallée. De temps en temps je profite des passages permettent de s’élever au-dessus des gorges pour admirer plusieurs ballands.


Je sors du canyon et je commence à grimper sur la montagne. Au sommet, la vue est dégagée et le point de vue est exceptionnel ! Je peux voir el Castillo de Penaflor.

Du château de Penaflor il reste aujourd'hui la tour et une partie de la structure en équilibre spectaculaire sur une colline. Il est également connu sous le nom de château de Dona Blanca.

Selon la légende, Doña Blanca de Navarra, fille du roi Juan II y fut retenue prisonnière pour ne pas avoir voulu se marier à la fin du XVème avec le prince d’Aragon. Construit sur un socle rocheux posé en équilibre, au milieu du Vedado, cette forteresse fut construite par Sancho El Fuerte au XIIIème pour renforcer la frontière navarro-aragonaise et combattre les bandits
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La boucle me ramène au point de départ. Je prends mon repas en m’asseyant face à la légendaire cheminée de fée. La variété des couleurs, due aux différents minéraux qui la composent offre selon la position du soleil des couleurs différentes. Hier je voyais la fameuse cheminée couleur ocre et à cette heure-ci, elle est plus jaune.

   

   

Durant ma rando, j’ai également fait un crochet vers les falaises du massif de Matalafiera. J’ai traversé une terre aride aux couleurs ocre rouge, marron clair entrecoupées d’une touche de verdure. Ce terrain sauvage abrite une faune très caractéristique et variée : des invertébrés (escargots, crabes), des poissons (des barbots, des anguilles), des amphibiens (triton), des reptiles (tortue lépreuse, vipère à museau) ... de nombreuses espèces aquatiques passent l'hiver ici. On y trouve plus de 25 espèces de mammifères (renard, chat sauvage, lapin, lièvre ibérique, sanglier), ainsi que des vautours, des aigles royaux et d'autres rapaces, mais aussi un nombre important d'oiseaux des steppes tels que l'alouette cendrille et l'outarde.

Durant mon ascension, j’ai vu des traces de pattes style de renard mais je n’ai pas eu la chance d’en voir.

Au niveau de la flore, on trouve des bosquets de pins d’Alep, de chênes kermès, de tamaris alternant avec du maquis (genévrier, romarin…).


Avant de quitter le parc, je refais une boucle pour profiter encore des lieux. Je file derrière l’emblème des Bardenas et je commence à monter pour avoir une vue d’ensemble.

   

   
   

Je fais une escale à l'ermitage de Notre Dame de Yugo (Nuestra Señora de Yugo). Ce lieu emblématique, est situé sur les hauteurs del Cuerno, à quatre kilomètres au nord d'Arguedas en Navarre.

Edifié au début du XVIIe siècle, ce sanctuaire est situé sur le belvédère de la Ribera, à 477 mètres d'altitude. Il domine la plaine de la Bardena Blanca, et les Pyrénées, d'un côté et la Ribera del Ebro de l'autre, avec des vues spectaculaires des deux côtés.


La légende raconte qu'un fermier, au XIe s., boiteux depuis sa naissance, labourait au sommet d'une montagne. À midi, il s'arrêta pour manger et lâcher le joug des bœufs, laissant le joug sur un pin. Quand il fut prêt à reprendre le travail, il découvrit, avec surprise, qu'une image de la Vierge était apparue sur le joug et il se prosterna devant elle. Il est descendu, ensuite, au village pour raconter ce qui s'était passé, mais les gens ne le croyaient et se moquaient même de lui, jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que le fermier avait guéri, miraculeusement, de sa jambe et ne boitait plus. Le lendemain, toute la ville se rendit à l'endroit, où se trouve aujourd'hui l'ermitage, pour vénérer l'image de la Vierge.

   

Juste à côté de l’ermitage, sur une plate-forme construite en bois se trouve un belvédère. On peut contempler le paysage.

   

C'est maintenant du côté du nord, des Bardenas, que mon périple va me mener, dans Bardena El Plano. La route qui mène vers El Plano est presque complètement plate, d'où l'abondance de parcs éoliens. « El plano », située plus dans les hauteurs, est un grand plateau alluvial situé tout au nord de la réserve naturelle. Plutôt de vocation agricole, cette zone offre un paysage incroyable, où la verdure est reine.

A mon arrivée, je commence par traverser le barrage de El Ferial et je pars me balader sur les rives du lac. Le lac artificiel est ceinturé d’une végétation abondante créant un ilot de vie qui contraste avec l’aridité du reste de la zone.

   

   

   

Lors de ma promenade autour du lac El Férial, j’ai vu beaucoup de champignons. C’est la saison.

   

C’est déjà la fin de la journée. De retour dans le village d’Arguedas je vais visiter les habitations troglodytes. Aujourd'hui abandonnées, les maisons troglodytes étaient habitées jusque dans les années 1960.

Les "Cuevas", ou habitations troglodytes, sont des habitats creusés dans la roche et aménagés de manière à ce qu’ils soient aussi fonctionnels et confortables qu’une maison conventionnelle.
Les habitations troglodytes étaient de toutes tailles, de la plus petite qui ne comportait qu’une seule pièce, à la plus vaste qui pouvait contenir plus d’une dizaine de pièces ! Elles étaient autrefois creusées à la main avec des outils rudimentaires, mais leur conception s’avérait étonnement ingénieuse.


L’évolution des modes de vie conjuguée à l’érosion de la falaise ont conduit à l’abandon des lieux. Jusqu’à l’oubli jusqu’à la prise de conscience de l’intérêt patrimonial de ces vestiges. Aujourd’hui les maisons troglodytes sont le point d’intérêt du petit village d’Arguedas.

   

   


Aujourd’hui l’érosion continue son œuvre, elle fragilise les habitats troglodytiques. Au cours de ma visite, je peux rentrer dans les maisons.

Le plan des habitats troglodytiques d’Arguedas : la cuisine est le centre de vie de la maison troglodyte. Elle sert d’entrée, de salle à manger et de séjour. Une cheminée traverse la paroi laissant apparaître un conduit extérieur. Dans la cuisine une cuisinière au feu de bois en fonte émaillée et les pièces les plus profondes correspondent au stockage des vivres tandis que les pièces intermédiaires sont des chambres.


   

   

Une journée bien remplie, je comptabilise 27 km à pied et c'est pour moi la meilleure façon de visiter les Bardenas. A demain...

 

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"La vie ce n'est pas seulement respirer c'est aussi avoir le souffle coupé."