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Cap sur les îles Kornati
Après le déjeuner, nous prenons la route en direction de Pakoštane, à environ une heure de trajet. Aujourd’hui, nous partons explorer les mystérieuses îles Kornati, un chapelet d’îlots sauvages au large de la Dalmatie du Nord. Sur l’autoroute, un moment d’inattention avec le GPS nous fait manquer la sortie 19, celle qu’il ne fallait surtout pas rater. Persuadés qu’il s’agissait de la sortie 27, nous devons continuer jusqu’à la prochaine, qui se trouve… très loin, évidemment. Le temps presse. Nous avons rendez-vous au port de Pakoštane à 9h, devant une petite maison en bois, le point de départ de notre excursion avec Dalmatia Adventures. Nous suivons la route qui indiquent le chemin, tout en tentant désespérément de joindre l'organisme par téléphone. Sans succès. Rosy réessaie un peu plus tard et ouf ! elle finit par les avoir et les prévient de notre léger retard. Finalement, nous arrivons au port pile à l’heure. Pas le temps de souffler, on attrape nos affaires à la volée et on embarque directement sur le bateau. L’aventure peut commencer. Devant nous, l’archipel des Kornati s’étire à perte de vue. Plus de 140 îles, îlots et rochers éparpillés sur quelque 80 km entre Zadar et Šibenik. On comprend vite pourquoi ce parc national maritime est protégé par l’UNESCO : l’écosystème ici est fragile, précieux, unique. “Le dernier jour de la création, Dieu a décidé de créer l’archipel Kornati des larmes, des étoiles et du souffle”, écrivait George Bernard Shaw. Et comment ne pas lui donner raison ? Certains îlots ne sont que des rochers solitaires battus par le vent et les vagues, à tel point que les Croates aiment dire qu’il y a autant d’îles dans les Kornati que de jours dans l’année. Nous sommes à bord d’un petit bateau pouvant accueillir une dizaine de personnes, pas plus de 11 en tout. Ce format intimiste permet d’être loin des foules, une immersion totale ! |
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Après une heure de navigation, notre petit bateau jette l’ancre dans une crique protégée : nous venons d’arriver dans le parc naturel de Telašćica. Premier arrêt de notre journée d’exploration. Le skipper amarre le bateau au petit quai et nous indique les différents points d’intérêt à ne pas manquer ici. Nous décidons de grimper jusqu’au point culminant de l’île. Le sentier monte un peu, et bientôt, nous dominons un panorama à couper le souffle : les falaises abruptes qui plongent à pic dans la mer. |
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La descente se fait en longeant les pins et de retour au niveau du petit port, nous bifurquons sur la droite, direction le lac salé de Telašćica, Mir. Niché entre les collines, ce lac tranquille est un havre de sérénité, avec une eau chaude. On se baigne puis on longe la rive à pied. |
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Le soleil monte dans le ciel, il est temps de faire une pause. Nous marchons jusqu’au bar ombragé tout proche, où nous sirotons un verre en admirant la mer. |
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Il est temps de reprendre la mer. Nous remontons à bord de notre petit bateau, bercés par le clapotis régulier de l’eau contre la coque. Le skipper remet doucement les gaz, et nous reprenons notre route, entre les îles vers le cœur des Kornati. Les îlots défilent autour de nous. Puis, au loin, une silhouette se détache à l’horizon : le phare de Sestrica Vela. Dressé sur l’îlot du même nom, tout près de Kornat, le phare construit en 1876 s’élève à 26 mètres au-dessus des flots. Sa tour blanche est ornée d’une bande rouge en spirale, et coiffée d’une lanterne immaculée qui scintille au soleil. À sa base, il y a une maison de gardien à deux étages. Mais le phare n’a rien d’un vestige : il est toujours habité, il est équipé d’un système d’identification automatique qui guide les navigateurs. |
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Nous atteignons l’île de Mana. Tandis qu’une partie du groupe poursuit la navigation vers une autre île pour déjeuner au restaurant, nous avons choisi l’option de pique-niquer sur place. Depuis le bateau, on aperçoit, perchées sur la colline, d’étranges ruines blanchies par le soleil. Le skipper nous explique qu’il s’agit des vestiges d’un faux village, construit en 1959 pour servir de décor à un film avec l’actrice Maria Schell. Un décor de cinéma abandonné, figé dans le temps, qui donne à l’île un charme étrange. |
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Avant de repartir déposer les autres, le skipper nous dit : « Vous pouvez monter manger là-haut, dans la ruine, vous serez à l’ombre ! » Bonne idée, pensons-nous. Alors on grimpe, sacs sur le dos, en direction du sommet. Mais une fois arrivés… surprise ! La fameuse ruine n’a plus de toit depuis longtemps. Autant pour l’ombre ! On rit, et on s’installe finalement sur la terrasse, sur de vieux bancs en bois bancals, avec une vue imprenable sur la mer. Le soleil tape fort, mais le cadre est parfait. Au menu : les restes de nos pizzas de la veille, toujours aussi bonnes, accompagnées d’abricots en dessert. Un petit pique-nique dans un décor de film, seuls au monde, a un goût de liberté rare. Après le repas, on poursuit l’ascension jusqu’au sommet de l’île. Là-haut, les ruines offrent un panorama à 360 degrés sur les Kornati. Puis on redescend pour profiter d’un autre plaisir : une baignade dans les eaux cristallines. Palmes, masque, tuba… mode snorkeling activé ! L’eau est d’une transparence incroyable. On se régale à observer la vie sous-marine : castagnoles en nuées, serrans, sars. Le bleu de la mer change avec la profondeur, virant du turquoise lumineux au bleu marine abyssal. Un vrai bonheur. |
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Il est l’heure. Le bateau revient nous. Nous remontons à bord. Le skipper met le cap vers une autre merveille du parc : les falaises des Kornati. Nous longeons la côte escarpée, fascinés par ces murailles naturelles qui se dressent fièrement face à la mer ouverte. Sculptées par le vent et les vagues, elles semblent surgir tout droit des profondeurs. Les plus impressionnantes se trouvent sur les îles de Klobučar, Mani et Rašip. Les extensions sous-marines de ces falaises atteignent jusqu’à 100 mètres de profondeur. |
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Notre dernière escale nous mène sur l’île de Levrnaka. Dès l’approche en bateau, on découvre une eau limpide qui tranche avec le relief aride des îles voisines. Ici, chose rare dans la région, le fond marin se pare de sable fin. Masque sur le visage nous nous aventurons dans cette baie cristalline pour une dernière séance de snorkeling. On nage, on flotte, on savoure. |
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Après cette dernière baignade à Levrnaka, le bateau reprend son cap pour un dernier tour d’horizon parmi les îles. En fin d’après-midi, nous accostons à Pakostane. Sur le quai, on échange quelques sourires et des au revoir avec notre équipage d’un jour. Avant de reprendre la route, petite escale logistique : quelques boissons bien fraîches, et les fameuses cartes postales que je tenais à envoyer. |
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Une fois rentrés, fidèle au rituel, l’heure est à l’apéro, les verres tintent doucement pendant que le jour décline. Et comme le veut la tradition, on ne rate pas le rendez-vous avec le ciel : direction notre coin préféré pour admirer le coucher de soleil. |
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Et pour clore cette journée, une fin gourmande : ce soir, ce sera banana split. |
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