Nous prenons notre petit déjeuner et une fois prêtes
nous partons au Village de Rustrel à 5 minutes en voiture de
notre hébergement. Le petit village de Rustrel entre Luberon et Monts de Vaucluse, domine le bassin d’Apt à 400 mètres d’altitude. Il est arrosé par la Doa, un affluent du Calavon venu de Gignac. La commune de Rustrel se caractérise par un patrimoine riche de sa diversité et largement réparti sur son territoire, avec ses "sites naturels et lieux historiques". Elle est bordée au nord par les Monts de Vaucluse, rocheux, couverts de chênes verts et coupés de combes. Ils culminent à plus de 1000 m avec la Grande Montagne et Castillon. Un vaste oppidum préromain occupe le sommet du Massif du Pointu à près de 900 m d'altitude. Au sud de la commune, c'est l'Ubac, massif de moindre altitude (550 m) avec les sites des anciennes carrières d'ocre intensément exploitées de 1880 jusque vers 1950. Aujourd'hui, c'est le Colorado provençal. Au centre s'étend la vallée cultivée de la Doa. C'est un torrent utilisé autrefois pour les chantiers d'ocre et l'arrosage des jardins. Plus anciennement, il actionnait des moulins à grains aujourd'hui en ruines ou disparus. Après avoir acheté le pain pour notre pique-nique pour notre repas de midi, nous faisons un tour dans le village. |
Nous atteignons le Château. Datant du XVIIe siècle, il a été achevé en 1992. Le château a vraisemblablement été construit à la demande des ducs de Lévis Ventadour, seigneurs de Rustrel, au début du XVIIe siècle. La date 1626, gravée dans le cadran solaire, vient appuyer cette hypothèse. Un certain nombre de dates ponctuent l’histoire du bâtiment : - 23 janvier 1627, les ducs Lévis Ventadour vendent le fief à Charles d’Eyroux, un bourgeois de Simiane. - 21 mai 1627, Charles d’Eyroux est dépossédé de ses biens au profit de la Communauté d’Apt. - 1643, la Communauté d’Apt qui a besoin d’argent revend les terres de Rustrel à trois coseigneurs qui possèdent ainsi conjointement les biens. Après la révolution de 1789, le château est vendu comme bien national. A partir de 1847, la commune de Rustrel commence à acheter certaines parties du bâtiment. Elle en est actuellement totalement propriétaire. Aujourd’hui la mairie y est installée. |
Nous quittons le village à pied et nous partons vers le Colorado Provençal qui est à seulement 1,5 Km de Rustrel. La lavande, c’est le véritable trésor provençal. La période des lavandes en fleurs est courte et elle ne dure que quelques semaines entre la mi-juin et mi-juillet voir fin juillet/début aout pour certaines régions. Nous ne sommes pas à la bonne période mais je trouve déjà jolie ces champs de lavande à perte de vue. Il faut que j’y retourne à la période de floraison pour les admirer quand les lavandes revêtent leur manteau violet et j’imagine que le parfum doit être délicieux. |
En chemin, nous passons devant une ferme. Les animaux se baladent sur la route proche de la ferme. C'est sympa cette rencontre en cours de route. |
Nous atteignons le fameux Colorado Provençal. Mais qu’est-ce que le Colorado Provençal ? C’est une ancienne carrière d’ocre à ciel ouvert. En effet, Le premier coup de pioche y a été donné en 1871. Le dernier lavage de l’ocre a eu lieu en 1993 avec Roger Arnaud. Entièrement façonné par la main des ouvriers de l’ocre. Ainsi nous allons découvrir des fronts de taille, des bassins, des tuyaux d’acheminement de l’eau, des moteurs. Ce sont autant de vestiges d’un passé industriel. Appelés aussi « colline aux mille couleurs », le site se visite uniquement à pied. Deux circuits balisés sont proposés : le circuit du Sahara et le circuit des belvédères |
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Les paysages exceptionnels des ocres de
Rustrel sont le résultat du travail combiné de l’homme et de
la nature. Nous commençons par le circuit du Sahara.
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Le circuit du Sahara est LA balade emblématique du Colorado Provençal. Circuit très simple mais avec un paysage à couper le souffle !! Un décor unique où le dépaysement est garanti. La formation des ocres du Vaucluse est remarquable et exceptionnelle. Les couleurs sont waouh !!! C’est superbe !! Et dire que cette ocre a été exploitée aux siècles passés. En effet, la formation de l’ocre a lieu pendant l’ère secondaire des temps géologiques. Les variations de température, couplées à une acidification croissante des eaux de pluie ont dégradé certains minéraux des roches granitiques anciennes du massif central pour produire : – Des argiles (par dissolution des feldspaths et des micas) – Des sables siliceux (par libération et fragmentation des quartz) Alors que certains gros résidus de roches granitiques ont été charriés par les cours d’eau jusqu’à la côte au niveau des embouchures des anciens fleuves (sous forme de galets et de graviers) les particules les plus fines : sables fins, limons et argiles ont atteint la pleine mer. Elles ont alors été reprises et entraînées par un courant marin, orienté Sud Est, qui a formé un immense banc de sable en se développant parallèlement à la côte (qui était à la hauteur de Montélimar à cette époque). On retrouve actuellement ce gisement sur plus de 100km de longueur, quelques dizaines kilomètres de large et une soixantaine de mètres d’épaisseur. Il s’étire aujourd’hui du sud de l’Ardèche (07) vers le Var (83). Ce banc de sable s’est différencié au gré des courants et des époques géologiques pour former 3 gisements distincts qui sont exploités dans le Vaucluse : - pour le sable verrier vers Entraigues sur Sorgue, - pour l’ocre dans le pays d’Apt, entre Roussillon et Rustrel - pour la bauxite en allant vers le Var. |
Nous continuons par le circuit des Belvédères. Nous traversons la forêt où foisonnent pins, chênes et bruyères puis le sentier commence à grimper dans la montagne. Sur les hauteurs, nous profitons incontestablement du plus beau panorama sur le site, dominant notamment l'ensemble des cheminées de fée : Grandiose ! Les différentes formations géologiques et collines affichent un magnifique dégradé de couleurs. |
Le parcours surplombe l’ensemble du Colorado Provençal, et nous permet d’avoir une vue dominante sur chaque lieu incontournable. Le panorama vaut le détour. Nous arrivons devant les cheminées de fées. Les "cheminées de fées", qui telles des sculptures, semblent ciselées par des mains expertes et s’élèvent vers le ciel. |
Plus loin, nous passons devant le désert blanc. |
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Puis nous poursuivons sur le sentier caillouteux qui longe d'anciens rails qui permettaient d'évacuer la terre recouvrant l'ocre. |
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Après une pause repas, nous retournons récupérer notre voiture au village de Rustrel. Nous partons à présent à la découverte du village Saint Saturnin les Apt. Un beau village adossé à un rocher sur lesquels deux moulins à vent du XVII° et les vestiges d'un château médiéval montent la garde. Le village de Saint-Saturnin-lès-Apt se situe à environ 400 mètres d'altitude au pied des Monts de Vaucluse, pas très loin de Rsutrel (10 km) et la commune fait partie du Parc Naturel Régional du Luberon. C'est un village très agréable, niché au pied de son rocher et bien exposé plein sud. Le vieux village prend le nom de Saint-Sernin, qui se transformera en provençal en Saint-Saornin, puis en Saint-Savornin. Il deviendra enfin Saint-Saturnin en 1770 et, en 1794, au moment de la création du département du Vaucluse, on lui ajoutera d'Apt qui deviendra-lès-Apt dans les années 80. |
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Nous débutons notre découverte en passant devant le superbe moulin. Au XVIIe siècle, quatre moulins à vent se trouvaient sur la colline. Le moulin à vent, immortalisé par Alphonse Daudet, est l’un des emblèmes du paysage provençal. Le seul moulin est magnifique et en parfait état de conservation. Sur la crête ventée du village, il est visible de loin. On peut remarquer que la pente de la toiture particulièrement bien adaptée au souffle du Mistral, les ailes et l’aire carrelée de battage et de séchage du blé. |
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La promenade se poursuit plus haut au-dessus du moulin ce qui nous donne l’occasion d’admirer les toits de ce beau village, le barrage construit en 1763, les ruines du castrum, l’ancienne chapelle et le château XIe siècle. Le paysage est superbe !! |
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Construit en 1835, le barrage a permis une réserve d'eau pour le village avant que l'approvisionnement en eau potable arrive en 1954, grâce au canal de Provence qui traverse aujourd'hui le Luberon par un tunnel. D’une longueur de 36 mètres et haut de 16.3 mètres, le barrage de Saint Saturnin d'Apt est construit en travers de la rivière Ravin De La Combe et il retient un volume d'eau de 10 milliers de m³. C’est en 1902 que le barrage remplaça celui construit en 1835. On peut d’ailleurs apercevoir sous l’eau le mur de l'ancien barrage immergé. Du bord du barrage, nous profitons de la jolie vue sur le clocher de l'église du village et les remparts. |
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Nous traversons le mur du barrage pour rejoindre les ruines de l'ancien village. D’ici il y a une vue époustouflante ! Nous sommes au cœur des remparts, en effet le rocher est encore entouré de remparts (dont certains en écaille de poissons sont remarquables), délimite le premier village fortifié. Depuis le « castrum » primitif (vers 950, donjon + chapelle) à nos jours le village a connu trois extensions aux XIIIe, XVe et XVIIe siècles. L'ancien village sera définitivement abandonné au XIXe siècle. En montant au château par des calades en pierres, nous découvrons les nombreux vestiges préservés des anciens remparts, les portes, les tours carrées…Et la visite se fait sous un beau soleil et de plus nous sommes les seules sur le site : le top ! |
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Après avoir profité de la vue et des indications de la table d’orientation nous passons la grille qui mène à la chapelle. Ses hautes murailles, renforcées par des contreforts, font davantage penser à une construction défensive qu'à un édifice religieux. La chapelle est imposante, elle est accolée au donjon que l'on reconnaît grâce à ses meurtrières et sa forme carrée. Elle a été maintes fois restaurée au cours des siècles, et elle est classée monument historique, ainsi que les ruines de l'ancien castrum et du village, depuis 1921. Nous n’avons pas pu visiter l’intérieur car il faut en faire la demande au préalable à la mairie ou alors venir en juillet-août lorsqu’elle est ouverte. Pour la petite histoire, le village aurait pu avoir le destin de Lourdes. En effet des faits surnaturels s’y sont déroulés, après la ferveur nationale, ont fait l’objet d’enquêtes et d’un procès. « Du sang sur le tableau à Saint-Saturnin-les-Apt » : En 1850, la chapelle castrale a été le lieu d'un miracle, le miracle de Saint-Saturnin : une jeune villageoise, Rosette Tamisier, dit avoir vu, alors qu'elle se trouvait à l'intérieur de la chapelle, un tableau représentant la descente de croix, se mettre à saigner. Le phénomène se serait produit à trois reprises. Condamnée pour fraude à six mois de prison, la jeune femme ne cessa de protester et de revendiquer sa bonne foi...Cette histoire fit grand bruit, et souleva les passions mystiques dans toute la France, car peu après d'autres miracles et apparitions se produisaient...à Lourdes. |
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Dans le quartier des remparts nous découvrons que sur les trois enceintes fortifiées construites au XIII°, XIV° et XVI° il ne subsiste que le portail Ayguier. Nous laissons les remparts pour nous balader dans les ruelles de le centre-ville. Saint Saturnin les Apt est au cœur d’un paysage de garrigues et de forêts de résineux et de chênes, mais aussi beaucoup de terres agricoles et de vergers : cerisiers, vignes, oliviers et lavandes. C’est également le haut-lieu de la trufficulture moderne. La présence de nombreux chênes truffiers l'atteste. Dans le village, nous pouvons même voir la statue de Joseph Talon (voir photo ci-dessous), né dans la région, rend un bel hommage à cette culture. Né vers 1755 Joseph Talon, inventeur de la trufficulture garda son secret pendant la période révolutionnaire pour ne le divulguer que vers 1810. Sa statue inaugurée le 9 novembre 1986, commémore l’ingéniosité de ce paysan qui contribua au développement d’une richesse régionale. |
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En nous promenant dans le cœur du village nous passons devant des fontaines et des lavoirs remarquables. La fontaine publique située en contrebas de la mairie est inscrite aux Monuments historiques. La fontaine dite du Mathéron fut érigée en 1784. Le fronton sculpté de cette belle fontaine a été offert par le dernier marquis de Monclar et de Saint Saturnin. Les armoiries du marquis, guillotiné à Paris en 1794, ont été effacées. L'inscription en latin "Il n'y avait pas assez d'eau pour la population qui souffrait de cette vie, mais à présent qu'en voici une nouvelle, ils rechignent dès que l'eau de celle-ci coule." est une déclaration de la municipalité refusant d'acquitter le droit au seigneur |
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Au gré de notre balade, nous découvrons de très belles demeures anciennes, des porches sculptés, des portes et encadrements de fenêtres délicatement ouvragés. Saint Saturnin est un village chargé d'histoire qui mérite que l'on s'y attarde un peu. |
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Nous arrivons sur la place de l'église Saint-Etienne. Entièrement reconstruite en 1862, elle se situe sur l'emplacement d'un ancien édifice roman. Chose rare, le fronton de l'église est gravé des mentions de la République Française : Liberté, égalité, fraternité. Cette mention républicaine est apparue en 1905, après la séparation des Eglises et de l'Etat, quand la loi décide que les églises deviendront des bâtiments gérés par les communes. |
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Une bien agréable visite le village de Saint Saturnin, ça vaut le détour. Nous montons dans notre voiture et nous prenons la direction de Bonnieux. En préparant notre road trip, j’ai eu envie de voir le Pont Julien construit par Domitius Ahenobarbus, sous le Haut Empire entre 27 av. J.C. et 14 ap. J.C. Le Pont Julien est un édifice prestigieux qui a su résister au ravage du temps. En effet ce monument historique permet de traverser le Calavon depuis des siècles. Autrefois, il était emprunté pour traverser la rivière "Le calavon" et poursuivre sa route vers Narbonne ou dans l'autre sens, vers Turin en Italie. Aujourd'hui, il fait partie du riche patrimoine laissé par les romains en Vaucluse. Sur une route aussi importante que la Via Domitia, les ouvrages d'art étaient très nombreux. Chaque cours d'eau était aménagé. Cette réalisation, très bien entretenue et admirablement conservée, représente l'ouvrage majeur de la Via Domitia dans son tronçon provençal. L'architecture de ce pont est élégante, les trois arches en plein cintre, très large lui assure une solidité à toute épreuve. On remarque un grand nombre de trous sur les faces internes des voûtes. Ces trous en ont intrigué plus d'un ! Certains pensent au retrait de crampons nécessaires pour consolider le pont, d'autres y voient l'œuvre de pillards qui auraient ainsi récupéré les crampons de bronzes. D'autres encore pensent que ces trous servaient à la construction d'un barrage permettant la récupération de l'eau via un canal. Mystère… |
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Pour terminer la journée et comme nous avons encore des forces, nous allons faire une rando. Le départ de notre rando "Les Blaces (Caseneuve) se fait depuis notre logement. Nous empruntons le sentier qui grimpe dans le bois en suivant le balisage jaune. Au cours de notre ascension nous avons de belles vues sur les ocres. Si vous faites cette balade ne vous approchez pas trop du bord car la falaise est en à pic, friable et non sécurisée. Au sommet, nous profitons du panorama sur la vallée. A ce point de la rando je ne sais pas s’il nous reste beaucoup ou non de kilomètres et si cette rando est une boucle ? Et le soleil commence à se coucher, nous décidons donc de faire demi-tour et de regagner notre appartement. |
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Quelle belle journée, un vrai régal, le Luberon est une belle région. Petit apéro et repas pour reprendre des forces et à demain pour la suite de notre voyage. |
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