Le vert est la couleur caractéristique de La Palma puisqu'une grande partie de son territoire est occupée par des extensions de végétation aussi caractéristiques que celles qui forment la forêt de lauriers. Et ce matin au programme c’est la randonnée au Cubo de la Galga dans la forêt, sac à dos, pique-nique, GPS programmé, et nous voilà en route depuis El Remo. Nous roulons sur les routes sinueuses de La Palma, admirant les paysages entre deux virages. Après une bonne heure de route, le GPS nous annonce fièrement : « Tournez à droite ». Pourtant, j'aurais juré que le départ était à gauche (en préparant cette virée et en regardant la carte) ? ... Mais, bon, faisons confiance au GPS. Après tout, il est censé nous amener pile là où il faut ! Nous entamons alors une ascension bien corsée, la route se resserre, serpente, et grimpe de plus en plus. Elle devient étroite et défoncée... À un moment, un habitant sur le bas-côté, agite les bras : « Non, non » … et en effet, quelques mètres plus loin, la route se termine en sentier qui s'enfonce dans la forêt. Je stoppe la voiture le monsieur nous explique que le point de départ de la rando est plus bas et que ce n’est pas possible ici en voiture. Demi-tour obligatoire dans cette pente, et c’est Karine qui prend les commandes pour nous redescendre de ce sommet improbable. Décidément, ce GPS voulait nous offrir une aventure avant l’aventure ! Retour sur le bon chemin, et cette fois, nous arrivons enfin au vrai point de départ, à gauche, comme je le pensais. Karine s'équipe de ses chaussures de rando pendant que je me rends au point d’information pour vérifier le tracé de notre randonnée. À l'intérieur, la dame commence à m’expliquer le parcours en espagnol, pointant la carte : « Vous suivez le tracé un, dos, tres… ». Et là, allez savoir pourquoi, sans prévenir, la chanson de Ricky Martin jaillit : « Un, dos, tres… Un pasito pa'lante María ! ». La dame éclate de rire. Bon, j’ai mis l’ambiance et compris le tracé. Je rejoins Karine, et nous entamons notre marche. |
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Le sentier serpente dans une forêt dense, au milieu de fougères arborescentes et de lauriers géants. L’humidité ajoute une touche de mystère. Le trajet nous emmène jusqu'au point 9, au cœur de la nature puis nous retournons par le même chemin à notre voiture. Une belle rando ponctuée de fous rires, et d’un pasito pa'lante ! |
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Au programme j’avais prévu d’enchainer avec une randonnée au Bosque de Los Tilos. Los Tilos est une forêt dense et primitive d’arbres aux grandes feuilles, un joyau classé Réserve de la Biosphère par l'UNESCO en 2002. Mais nous abandonnons cette idée car la priorité est de préserver le genou de Karine. En plus, en poursuivant notre route nous constatons que la route menant au Bosque de Los Tilos est fermée. Ce sera l'occasion parfaite pour revenir sur l'île et découvrir ce lieu majestueux en temps voulu. Nous continuons donc notre route, roulant tranquillement jusqu'au Mirador de La Tosca, où la vue panoramique sur la vallée est à couper le souffle. C’est là que nous décidons de nous installer pour notre pique-nique. Quel cadre idyllique pour une pause déjeuner ! Pendant que nous mangions, un petit lézard est venu nous observer. Chez nous, les lézards se font rares, chassés par les geckos qui prennent de plus en plus leur place, alors voir ce petit compagnon nous a ravis. Un rien nous amuse ! |
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Après notre repas, nous reprenons la route vers el Roque de los Muchachos. Situé au point culminant de l'île, le Roque de los Muchachos est à 2 426 mètres d'altitude et est considéré comme l'un des meilleurs endroits au monde pour observer les étoiles. Ce n'est pas en vain que se trouve ici l'Observatoire astrophysique du Roque de los Muchachos, un important centre de recherche ouvert au public pendant la journée et sur réservation. La combinaison de facteurs naturels tels que la situation géographique de l'île, son climat particulier, l'excellente qualité environnementale et les caractéristiques physiques du lieu, donne lieu à l'un des ciels les plus propres de la planète. Le site abrite plusieurs télescopes de renommée mondiale, dont le Gran Telescopio Canarias, le plus grand télescope optique et infrarouge au monde, avec un miroir de 10,4 mètres. Les visiteurs peuvent y observer des constellations, trous noirs, des planètes et même des galaxies lointaines. Construit en Espagne, ce télescope est équipé de technologies de pointe pour capturer des images extrêmement détaillées, même de phénomènes à des milliards d'années-lumière. On y trouve aussi le Telescopio Nazionale Galileo (TNG). Construit par l'Italie, le TNG est un télescope optique de 3,6 mètres de diamètre. Il se concentre sur l'étude des planètes extrasolaires, de la physique stellaire et des galaxies. Ce télescope est doté d'une instrumentation sophistiquée pour la spectroscopie, ce qui permet d'analyser la composition chimique d'objets célestes et de mieux comprendre leur formation et leur évolution. Il y a aussi le Isaac Newton Group of Telescopes (ING). Ce groupe comprend trois télescopes britanniques : le William Herschel Telescope (WHT) de 4,2 mètres, l'Isaac Newton Telescope (INT) de 2,5 mètres et le Jacobus Kapteyn Telescope (JKT) de 1 mètre. Le WHT est l'un des plus importants d'Europe et est utilisé pour observer des supernovae, des quasars et pour des études de cosmologie. Le INT, quant à lui, est utilisé pour des recherches variées, notamment pour des études de la structure des galaxies et des objets proches du système solaire. Plus, loin on peut voir le Nordic Optical Telescope (NOT). D'un diamètre de 2,56 mètres, le NOT est géré par un consortium de pays nordiques. Il est réputé pour son agilité et sa rapidité de rotation, ce qui permet des observations rapides et ciblées. Ce télescope est souvent utilisé pour l'étude des explosions d'étoiles (supernovae) et pour l'observation des exoplanètes. Quant au Magic Telescopes, il s'agit de deux télescopes installés pour détecter les rayons gamma, avec des miroirs paraboliques de 17 mètres de diamètre, parmi les plus grands du monde pour ce type d'observation. Ils visent des phénomènes énergétiques extrêmes comme les trous noirs, les étoiles à neutrons, et même la matière noire. Les Magic Telescopes sont essentiels pour mieux comprendre les origines et la physique des rayons gamma de haute énergie. Le Liverpool Telescope, ce télescope robotique de 2 mètres de diamètre est géré par l'Université John Moores de Liverpool et est principalement utilisé pour surveiller des événements imprévisibles, comme les explosions de supernovae et les éruptions de rayons gamma. Entièrement automatisé, il peut être contrôlé à distance et est très réactif aux changements du ciel. D'autres télescopes plus petits complètent cet ensemble, chacun spécialisé dans différents aspects de l'astronomie, de l'optique à l'infrarouge, et même aux ondes radio. |
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El Roque de los Muchachos forme une chaîne de pics rocheux traversée par plusieurs chemins de randonnées. Ici, le paysage devient beaucoup plus colossal et rocheux. Par temps clair, on peut voir les îles voisines de La Gomera et El Hierro et le Teide à l'horizon. |
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Dès les premiers pas, le sentier nous emmène vers des paysages d’une majesté saisissante. À mesure que nous progressons, nous nous retrouvons au-dessus d'une mer de nuages, une vision comme sortie d’un rêve : un vaste tapis cotonneux qui s’étend à perte de vue, comme si la montagne flottait entre ciel et terre. Le sentier en pierre serpente doucement, et chaque virage dévoile un panorama plus impressionnant que le précédent. Marcher ici, sur cette crête qui semble toucher les cieux, donne une sensation unique d’infini. Sous nos pieds, le tapis nuageux s’écoule comme une rivière silencieuse, se répandant dans les vallées. À certains endroits, on pourrait croire qu’en tendant la main, il serait possible de saisir une poignée de ce coton. |
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Le regard plongé dans cette immensité blanche et douce, nous nous sentons minuscule face à la nature. Le ciel semble si proche qu'on a presque l’impression d’en être une partie. |
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Il est difficile de partir, de quitter cette sensation de légèreté absolue. On a envie de rester là des heures à contempler cet horizon infini, sans aucun autre bruit que celui du vent qui souffle doucement. Finalement, c’est le cœur un peu serré que nous redescendons, emportant avec nous un peu de cette magie d’El Roque de los Muchachos. Une chose est sûre : ce coin de La Palma restera longtemps gravé en nous. |
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C’est notre dernier soir sur l’île, nous retrouvons notre banc préféré, face à l’océan pour assister au coucher de soleil. |
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Après notre souper, nous partons pour une escapade nocturne afin observer les étoiles. Pas loin d’El Remo, nous avons vu un panneau indiquant un mirador astronomique. Nous suivons les panneaux puis au bout d’un petit moment plus de panneau…on recherche sur le GPS mais on ne le trouve pas….On décide donc d’aller au village La Bombilla. La Bombilla est un petit village de pêcheurs. C’est un lieu paisible niché sur la côte ouest de l’île. Depuis la plage, nous observons les étoiles. |
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